- J’ai connu le bonheur extraordinaire et le privilège de donner naissance à quatre enfants nés respectivement en 1984, 1986, 1989 et 2000, un fils aîné et trois filles.
- Les aléas de la vie, malheureusement à certains égards et heureusement à d’autres, ne m’ont pas permis d’être mère de famille à plein temps comme j’en rêvais, prenant exemple sur mes grands-mères.
- Alors que j’étais déjà enseignante dans le secondaire, j’ai choisi de reprendre mes études universitaires après la naissance de ma première fille pour préparer une thèse de doctorat ; grâce au congé de maternité accordé pour la naissance de ma deuxième fille, j’ai pu terminer ma thèse.
Mère, enseignante et chercheur
- Concilier la vie de maman seule, celle d’enseignante et celle de jeune chercheur ne fut pas toujours facile, mais j’ai toujours fait passer mes enfants avant tout. Grâce à l’aide précieuse de la nourrice de mes enfants, et, pendant les congés scolaires, grâce au soutien des centres aérés et colonies de vacances tout comme à celui de mes parents, j’ai pu travailler au fonds ancien de la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon et à la réserve de la Bibliothèque Nationale de France, à Paris, du temps où elle était encore située rue Richelieu.
- Cette expérience de préparation de thèse fut parfois difficile, car j’ai très souvent travaillé la nuit quand les enfants dormaient et, au fil des années, la fatigue s’installe, le découragement pointe avec le surmenage, mais ce genre d’épreuve mérite largement d’être dépassé. Le dépassement de soi par le travail offre de fait l’occasion de travailler sur soi, de s’autoriser à changer d’idéal, à accepter de reconnaître en soi des forces insoupçonnées et une autre dimension.
Une maman gâteaux ???
- Certes, mes trois grands enfants ont parfois souffert de mes déplacements lors de la préparation de ma thèse, mais à chacun de mes voyages je leur rapportais une vidéo cassette de dessins animés et le dimanche matin nous en regardions au moins une ensemble : ainsi, s’est constituée une belle vidéothèque ! Sur un autre plan, j’ai toujours été présente pour leur sortie d’école, j’ai cuisiné beaucoup de crêpes et de gâteaux, les copains/copines étaient les bienvenus, et j’ai souvent participé à l’organisation des fêtes de l’école, etc.. Pour les devoirs au primaire, j’ai plus souvent aidé les copains en difficulté que mes propres enfants ; quand ils parvinrent au secondaire, j’ai quelque fois aidé mes enfants pour les préparations d’exposés, les brouillons de dissertations, les commentaires composés, etc..
- Bref, comme je pense que l’on n’a jamais rien sans rien, je ne regrette rien de mes choix de maman-enseignante-chercheur.
Un bébé en conférence plénière …
- Quand ma dernière fille est née, j’étais déjà dans le monde de la recherche et je n’ai pas voulu renoncer à cette nouvelle vie dans laquelle je me suis tellement épanouie. C’est pourquoi, je l’ai emmenée avec moi partout où je devais me rendre pour donner une conférence, de 2000 à 2003. Elle a appris ainsi à rester sage dans son berceau, à s’endormir même dans le brouhaha des colloques et congrès, à dessiner ou découvrir de petits livres calmement, à n’avoir peur de personne … jusqu’au jour où elle a franchi les frontières du raisonnable pour venir dans mes bras, vider mon sac à main devant une centaine de personnes, écrire au tableau, etc.. J’ai dû alors renoncer à l’emmener avec moi et la confier, elle aussi, à une nourrice.
Les inévitables séparations
- Actuellement, pendant que je viens donner mes cours à l’Université de Lorraine sur le campus de Nancy, ma fille est au collège et une de ses amies l’héberge du lundi au mardi et le mardi soir. Avec le temps, les séparations deviennent moins difficiles, moins angoissantes, mais c’est toujours un déchirement pour une maman de se séparer de son enfant, même quand il est devenu grand. Il en est de même pour nos animaux qui deviennent tristes quand je prépare mon sac de travail, encore plus quand ils me voient troquer le jean, le sweet et les bottes pour revêtir l’une de mes belles tenues de prof… Même mon âne se met à braire tristement lorsque je pars !
Conclusion
- En tant que maman, je suis fière de mes quatre enfants et j’espère que de leur côté ils sont heureux de voir leur maman heureuse aussi bien dans son travail qu’à la maison…
- Il me restera donc à découvrir un autre statut, celui de grand-maman/chercheur/enseignante ! En attendant, je me transforme parfois en nounou pour aider des mamans seules ou en difficulté et c’est un grand bonheur, simple et transcendant.