Mes thèmes de recherche sont forcément indissociables de mon itinéraire de jeune chercheur doctorant et de l’élaboration de ma carrière d’enseignant-chercheur fondée sur le souci de toujours mieux comprendre les contextes, la curiosité pour des domaines proches ou connexes, la volonté de m’adapter aux outils de plus en plus performants offerts par les nouvelles technologies.
Philologie, grammaire comparée, étymologie, dialectologie
Ma formation de grammairienne (grammaire comparée des langues indo-européennes) et de linguiste en linguistique historique des langues romanes m’a conduite à privilégier des travaux philologiques puis à choisir de travailler sur le premier grand dictionnaire étymologique de la langue française, le Dictionnaire étymologique ou Origines de la langue françoise (1694) de Gilles Ménage. Grâce aux études menées sur cet ouvrage complexe et d’une richesse linguistique extraordinaire, j’ai rapidement ouvert mes champs d’investigation en m’initiant, par exemple à la dialectologie française, ce qui m’a conduite ensuite à m’intéresser plus particulièrement à la dialectologie des parlers franco-provençaux du fait de ma rencontre avec les collections de manuscrits des deux seigneuries de Châtillon-sur-Chalaronne et de Romans.
Lexicographie française et européenne sous l’Ancien Régime
Mes premières recherches pour l’obtention du doctorat de linguistique m’ont ouvert la voie à la lexicographie française du XVIIe siècle puis à son contexte historique, politique, religieux et socio-culturel, donc au champ plus vaste de la lexicographie européenne sous l’Ancien Régime et aux relations entretenues par les érudits et savants de la république des Belles Lettres. Mon souci de contextualisation et de comparaison entre les textes s’est alors trouvé confronté aux difficultés de gestion de vastes corpus textuels (les différents dictionnaires du XVIIe siècle, puis les éditions et rééditions relevant de la lexicographie sérielle) et à la nécessité de les constituer en bases de données. C’est ainsi que j’ai orienté une partie de mes travaux sur l’apport des nouvelles technologies pour une meilleure connaissance des dictionnaires anciens.
L’apport des nouvelles technologies en SHS et la transmission des textes
Avec le développement des supports électroniques, j’ai été marquée dès les années 1993-1994, lors de mes premiers travaux effectués en collaboration avec le Professeur T. R. Wooldridge (Toronto), par l’univers de potentiels qui s’offraient à l’étude des dictionnaires imprimés sous l’Ancien Régime considérés comme textes à part entière. S’imposaient alors
- la constitution, sur support numérique, de bases de données textuelles, avec les textes des dictionnaires de mon corpus
- l’élaboration d’un cahier des charges au service du respect des textes originaux
- les réflexions méthodologiques impliquant la création d’interfaces opératoires et faciles à manier pour une exploration et une exploitation des textes
- etc.